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REGISTRES DU BUREAU
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vostre royaulme, pour vous declairer la grande joye, plaisir et delectacion indicibles qu'ilz receveront au jour d'huy, à la nouvelle ct bienheureuse entrée de Vostre Royalle Magesté, acompaig'née d'une multitude très honnorable des princes de voslre très illustre sang et autres seigneurs el chevaliers, en ordre sump-tueulx et pompe si triumphante, vous font par moy presenter les clefz de vostredicte bonne Ville, en signe de l'hommage et obeyssance qu'ilz vous doib­vent et veullent porter à l'extrémité de leurs vies, comme à leur Roy très puissant, très hault et très magnanime prince, leur naturel, très cher et souve­rain seigneur; en vous remerciant, Sire, très hum­blement de ce qu'il vous plaist les repputer dignes de vostre très noble visitacion, vous offrant aussi leurs personnes, leurs biens, leurs cueurs et volun-tez en tous estatz, qu'ilz vous supplient voulloir ac­cepter et recevoir pour agreables, leur octroyant vostre bonne grace, très asseurez que, soubz l'umbre d'icelle et protection de si bon, si juste, si ver-tueulx, équitable et débonnaire prince, lant ama­teur du bien de paix, transquilité publique et seu­reté de ses subgectz, ilz seront conservez et maintenuz en la joyssance des beaulx previlleiges, franchises, exemptions, libériez et prérogatives qui par voz pre­decesseurs leur ont esté cy devant octroyez, et mesmes par le feu Roy, vostre très cher seigneur et pere, duquel estant l'ame en repos, les faictz héroïques et glorieuse renommée, dont il vous a laissé comme son filz, vray et legitime successeur, heritier unique, demeureront éternellement en la memoire des hommes. Or, Sire, affin que ma prolixité ne feust cause du retardement de ceste très louable enlreprinse que avez faicte de visiter vos-dietz subgectz, je ne vous diray plus autre chose sinon que vous soyez plus que très bien venu. Priant à Dieu qu'il luy plaise conserver en prosperité et bon­heur ce chef quil a décoré de tant précieuse cou­ronne et tiltre de Roy Très Chrestien, vous donnant la force de debeller et vaincre'voz ennemys, et de planter les bornes de vostre empire aussi avant comme la grandeur de vostre cueur invincible le merite".
Le sire Germain Boursier, cappitaine desd, enf­fans de Paris, avoit auparavant, en marchant en
A la queue de ces quatre Presidens de la Grant Chambre, suyvoient les Procureur et Advocatdu Roy, vestuz comme les Conseillers, puis ung grant nombre d'autres advocatz et procureurs pratiquans en icelle Court'1', tous observans une gravité si grande qu'il n'est pas possible de plus.
En ceste ordre marchoient lesdictes Cours après lad. Ville, qui print son chemyn de la Greve droit à la rue Sainct Denis et (out du long.d'icelle jus­ques hors lad. Ville et tournèrent sur les fossez jus­ques ès faulxbourgs de la porte Sainct Martin, allerent jusques à Sainct Laurens et entrerent en une rue près led. Sainct Laurens, qui va audict Sainct Lazare ès faulxbourgs Sainct Denis, où il y avoit ung tribunal fort suui p tueulx et magnifique, que lad. Ville avoit faict faire, où le Roy nostre sire estoit assis en une chaize couverte de velours azuré, tout semé de fleurs de lys et fil d'or traict, relevées par excelent artiffice de broderye, pour là recevoir et entendre les harangues tant du corps de ladicte Ville que autres dessusdictes communaultez; estant led. seigneur acompaigné de messeigneurs les princes.
Aux deux costez estoient messeigneurs les Connes­table ct Chancellier deFrance, pour respondre aus-dictes harengues qui furent faictes par les dessus nommez, et singulièrement par monsr me Claude Guyot, Prevost des Marchans, pour tout le corps de ladicte Ville; lequel s'aprocha dudict seigneur en grande humilité, le salua, tenant les clefz de ladicte Ville en sa main, pendantes à ung cordon de soye laict exprez des coulleurs dud. seigneur.
Et après ce que ledict Prevost fut monté les degrez dud. tribunal avce les Eschevins de lad. Ville, acompaignez des Greffier, Procureur et plu­sieurs Conseillers d'icelle Ville, s'aprocha encores plus près dud. seigneur ct se myst à genoulx, et proposa ce qui ensuit :
Harangue faicte au Roy. " Sire, r: Voz très humbles, très obeyssans, loyaulx et fi­delles subgectz, les bourgeois, manans et habitans de vostre bonne ville de Paris, cité capitalle de
O La relation du Parlement n'est pas d'accord ici avec le Greffier de la Ville. On y lit en effet : -Quatre huissiers, les dernierement receuz, après lesd, gens du Roy, pour clorre lad. Court. Car ne se trouverent aucuns adwcatz et procureurs du commun, combien qu'il leur eust esté enjoinct d'accompaigner lad. Court, suivant ce que acoustumé estde tout temps. Mais la curiosité de veoir lad. entrée les a emmenez ès maisons de leurs amys» (X1' 1565, fol.172).